Le principe matriciel qui permet de comprendre la démarche religieuse, morale et spirituelle de l’Islam est la miséricorde[1]. Elle est plus qu’une valeur. Elle est un paradigme.
Le Tout Miséricordieux et le Très Miséricordieux font partie des beaux noms de Dieu. La formule consacrée « Au nom de Dieu le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » introduit toutes les sourates du Coran sauf une seule[2]… Cette formule est citée toutefois 114 fois dans le Coran qui compte 114 sourates. Elle n’est pas une simple formule. Elle est une démarche de l’esprit qui organise le rapport au Coran tant sur le plan de l’exégèse que sur le plan de la pratique. Il s’ensuit que Dieu, le Tout Miséricordieux (Arrahman[3]), énonce dans le Coran à propos de Son Messager (ç) :
« Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour les mondes » (21/107).
C’est pourquoi le Messager de Dieu (ç) déclare :
« Je suis la miséricorde qui se donne en offrande. »
Le message du sceau de la prophétie (ç) s’appréhende donc exclusivement au niveau de la miséricorde. Lorsque, en effet, certains de ses Compagnons opprimés lui dirent de maudire leurs ennemis qui leur rendaient la vie difficile, il répondit alors :
« Je n’ai pas été envoyé comme imprécateur, mais uniquement comme miséricorde ».
Le ton est donné. Saisir donc l’Islam en dehors du cadre que structure « la miséricorde », c’est s’inscrire en faux contre ses enseignements les plus élémentaires. Le Messager de Dieu (ç) a dit clairement :
« Les miséricordieux, le Tout Miséricordieux leur fera miséricorde. Faites donc miséricorde à ceux qui vivent sur terre pour que Celui qui est au Ciel vous fasse miséricorde. »
Et le Messager de Dieu d’enfoncer le clou en nous mettant en garde contre tout dérapage :
« Celui qui n’est pas miséricordieux envers les gens (de quelque bord qu’ils soient) Dieu ne sera pas miséricordieux envers lui. »
Ainsi, le principe Miséricorde traverse de part en part le Coran et en conditionne l’approche. Il en souligne et en précise ainsi la portée spirituelle. Car le Coran est fondamentalement un livre sage et clair « pour celui qui possède un cœur ». Toute lecture qui ne prend pas racine dans le principe Miséricorde est une lecture triviale qui trahit le message de celui qui « n’a été envoyé que comme miséricorde pour les mondes » Il s’ensuit que le fanatisme et autre extrémisme sont aux antipodes des enseignements coraniques et prophétiques et sont le fait de mauvais lecteurs. Le prophète (ç) n’a-t-il pas dit en effet : « Allah aime la douceur en toute chose. » Et il ajoute (ç) :« lorsque la douceur est présente dans une chose, elle l’embellit et quand elle est absente d’une chose, elle l’enlaidit ». Toute vraie éthique est inséparable d’une esthétique. Le Coran n’énonce-t-il pas dans sourate 73 : « Supporte avec patience ce qu’ils disent et écarte-toi d’eux bellement. » (v10). De plus, « le musulman est celui qui met les gens (annass) à l’abri de sa violence verbale et physique. » énonce le Prophète de la miséricorde.
Que Dieu éveille donc nos cœurs à la miséricorde. Car « La miséricorde de Dieu est proche des bel-agissants (almohsinoun’). » (7/56)[4]. Le principe Miséricorde est le plus court chemin qui mène au bel-agir (Ihsan’). De plus, Dieu est, selon un hadith, plus Miséricordieux envers le genre humain que ne l’est une mère envers son enfant. C’est pourquoi, il ne faut jamais désespérer de la miséricorde de Dieu qui révèle : « …et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. » (50/16)
[1] Voir aussi (3/134).
[1] La miséricorde de Dieu n’annule pas Sa colère. Toutefois, Dieu nous rassure dans un hadith qodsi : « Ma miséricorde précède Ma colère. » Dieu accorde ainsi la précellence à la miséricorde sur la colère.
[2] La sourate 9. La sourate « Les fourmilles », toutefois, contient deux fois la formule consacrée « Au nom de Dieu le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ». Ce qui fait un total de 114.
[3] Dans un hadith authentique le Messager de Dieu (ç) nous apprend en substance que Dieu, Exalté soit-IL, a fait descendre une part de Sa miséricorde et a gardé auprès de LUI 99 parts…
[4] Voir aussi (3/134).
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